
Une traversée de la Touchétie
Et si vous aviez la chance unique de parcourir un terrain aussi magnifique que peu exploré, en plein cœur des montagnes du Caucase ? 160 km de pur fun et d’aventures. Vous voulez en savoir plus ? Lisez le récit de l’excursion de Henna et Sabine, de Stephantsminda à Omalo.
Notre groupe se composait de Sabine, guide à VTT et à ski, de moi-même, Henna, aventurière invétérée et randonneuse habituée des excursions en vélo de gravel, ainsi que Fabian, notre cinéaste et Moritz, photographe.
Nous sommes partis de Stephantsminda en suivant une piste de gravel facile jusqu’à Juta, où nous avons rejoint un petit chemin ascendant. Cette piste avait sans aucun doute été tracée pour les randonneurs à pied, mais pas pour les cyclistes. « J’imagine que c’est un avant-goût de ce qui nous attend, » a annoncé Sabine en me regardant. Avec le tonnerre grondant dans les montagnes proches, une certaine nervosité concernant ce qui allait venir a commencé à nous gagner à mesure que nous avancions vers notre premier lieu de campement. Peut-être que ce projet aurait dû s’en tenir au stade d’idée.
Après la très longue et très difficile ascension de rando-vélo-sur-le-dos pour atteindre les 3 338 mètres du col de Chaukhi, le vent mordant descendant du glacier, la descente en altitude avec ses sections de roches instables et ses épingles impraticables, la pluie battante, le virage raté, la traversée des broussailles pour retrouver le trail, la traversée périlleuse d’une rivière, et la chute de Henna sur la dernière section, lorsque sa sacoche de cintre s’est coincée dans sa roue avant, nous étions complètement épuisés. Mais dès le lendemain, le projet nous semblait à nouveau être une bonne idée. Un groupe de randonneurs à pied avait atteint le sommet beaucoup plus rapidement que nous, et nous doutions du choix de notre équipement.
Au moment d’entamer la sérieuse ascension jusqu’au col d’Atsunto, nos corps avaient commencé à trouver leur rythme, et nous savions à quel moment pédaler, à quel moment porter nos vélos, et à quel moment faire une pause. Alors que nous étions assis pour faire une pause, deux randonneurs qui passaient nous ont annoncé la bonne nouvelle du jour : « Ils vendent du Coca-Cola et du Fanta près du poste frontalier. » Pourtant, nous avons pris notre temps avant de repartir. Nous sommes restés assis là, à profiter du panorama, le visage fendu d’un large sourire. « Je crois que je ne voudrais être nulle part ailleurs que là où je suis maintenant, dans mes vêtements trempés de sueur, » a annoncé Sabine en souriant. Et nous avons tous approuvé d’un mouvement de la tête. Apparemment, nous étions tous d’accord sur notre définition du mot « fun », une définition qui pourrait paraître absurde pour beaucoup de personnes.
La végétation a ensuite repris ses droits, et nous avons zigzagué jusqu’à la vallée en suivant une trajectoire très large. « Ça me paraît tellement surréaliste de pouvoir rouler si longtemps sans avoir à porter le vélo, » a crié Henna. Cette descente était presque comme une récompense pour nos efforts des jours précédents. Nous avions l’impression d’atteindre enfin notre objectif après une très longue session. Mais avec l’adrénaline en plus. Les larges pistes herbeuses scintillaient sous le soleil de l’après-midi, et il y avait encore de la neige au sommet des montagnes.
On n’a pas tous les jours l’opportunité de rouler au milieu des chevaux. De même, on n’a pas tous les jours la chance de rouler dans les montagnes du Caucase. Mais c’est une expérience qu’on n’oublie jamais.